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Gestion du groupe - classe

mardi 23 mars 2021, par phil

- Savoir gérer une classe est une compétence professionnelle qui s’acquiert. Elle nécessite à la fois, un travail sur soi et une réflexion approfondie sur sa mission d’enseignement.
- La notion de « gestion du groupe » renvoie à la notion de discipline donc à celle de sanctions qui renvoient le maître à lui-même et provoque chez celui-ci un malaise lorsqu’il n’y arrive pas !
- En effet, pourquoi certains maîtres débutants s’imposent-ils d’emblée à la classe et d’autres non ?
- La réponse à cette question est souvent difficile. La gestion réussie d’une classe semble souvent relever d’une alchimie particulière qui tient à la fois à : · ce que nous sommes, · ce que nous présentons de nous à la classe : notre posture, notre façon de nous exprimer (registre de langue, ton, hauteur de la voix), de nous habiller…, · nos options pédagogiques, · la conception de notre rôle d’enseignant, · l’application de « quelques ficelles » du métier. Ce dont il faut être convaincu au départ :
- C’est dans la façon dont nous allons gérer la première heure de classe (et plus souvent les cinq premières minutes) que nous nous imposerons comme maître (ou non).
- L’adulte dans la classe doit apporter sécurité aux élèves donc être garant de la loi.
- Avoir un regard a priori positif sur les élèves induit souvent un comportement positif de leur part (effet Pygmalion).
- Le respect appelle le respect. La meilleure façon de se faire respecter des élèves est de les respecter soi-même. Attention aux propos tenus en classe (« C’est encore toi, ça ne m’étonne pas ! ») et annotations sur les cahiers (« Tu n’as pas réfléchi, c’est n’importe quoi ! »). Ces discours, souvent injustes, entraînent révolte, colère et incivilités.
- Pour plagier un célèbre pédagogue, c’est en organisant le travail que l’on organise la discipline.

- Très souvent, les causes de l’indiscipline dans la classe correspondent à une mauvaise organisation du travail, en particulier sur les points suivants : · durée des séances, · implication des élèves dans les projets, · sens donné aux apprentissages, · gestion des programmations et progressions qui permet l’alternance et la variété dans la succession des activités, · implication de l’élève dans l’évaluation du travail et le constat des progrès effectués.

- En en prenant conscience et en les analysant, le maître pourra y remédier.

- Quelques « ficelles » du métier pour débuter :
- 1) Le rôle de l’enseignant Le maître a un double rôle : celui d’éducateur et celui de passeur de connaissances. Ces deux rôles sont complémentaires et ne peuvent se construire l’un sans l’autre. Le maître permet aux élèves de construire leurs apprentissages en leur proposant un cadre et des situations de travail adaptés. Pour cela, il lui faudra associer progressivement les élèves à la construction du cadre (règles de vie de la classe, de l’école…). Mais le maître ne devra pas oublier qu’il est l’adulte dans la classe, c’est-à-dire le garant de la loi, celui qui est là pour la faire appliquer et respecter. Ce n’est pas en laissant les élèves « libres » qu’on les rend « autonomes ». Les psychologues disent souvent qu’un enfant se construit en s’opposant : le maître doit donc proposer un cadre « solide », « sûr », défini avec la collaboration des élèves et non négociable quand il n’est pas respecté. La crédibilité de la notion de règle est en jeu.

- 2) L’attitude du maître Le maître, qu’il le veuille ou non, est un référent pour les élèves. Son attitude induit souvent le comportement des élèves. Comment interdire de mâcher un chewing-gum en classe si soi-même, on se le permet ? Réfléchir à son comportement en classe, le travailler doit faire partie de la préparation de la classe. Une classe où le maître se montre assuré, disponible, ferme, précis et rigoureux, calme et dynamique a toutes les chances d’être une classe qui « fonctionne » bien.

- a) Assurance et disponibilité Avoir suffisamment préparé sa classe pour se sentir à l’aise et de ce fait être disponible, être à l’écoute des élèves ; pouvoir prendre en compte leurs interventions et les intégrer à la démarche prévue.

- b) Fermeté
- Savoir dire non, sans se fâcher pour autant.
- Exiger des élèves le respect des consignes.
- Tenir sa parole : ne pas annoncer des sanctions (ou des récompenses) que l’on ne sera pas capable de tenir. Il y va de la crédibilité de l’adulte… Par exemple, si on demande aux élèves de « se taire », il faut être capable d’obtenir le silence. Sinon, il est préférable de ne pas le demander et de trouver une autre stratégie. Pour rester crédible, le maître doit avoir réfléchi aux sanctions et punitions possibles :
- éviter l’escalade (Ex : copier 500 lignes). Il faut réfléchir à la « symbolique » de la punition, à ses effets dans la famile.
- trouver des sanctions adaptées aux situations qui respectent la sécurité de l’enfant et les textes en vigueur. On ne peut pas, par exemple, mettre un élève à la porte de la classe, dans le couloir, sans surveillance ou priver un élève d’une récréation complète. Le maître doit réagir immédiatement à tout écart aux règles de vie sans pour autant donner une punition. Souvent le regard, un geste de la main, le déplacement du maître vers l’élève suffisent. Ce qui est important, c’est que l’adulte montre son désaccord. La punition, la sanction ne doivent arriver que dans des cas « graves ». Dès que possible, il faudra associer les élèves à une réflexion (conseil de classe, d’élèves, lecture du règlement de l’école, etc.) : qui permettra de rendre visibles pour tous et explicites les règles et les sanctions et de ne pas laisser s’instaurer la négociation. Il faut y veiller dès les premiers jours de classe, période où l’enfant teste les limites de l’autorité du maître.

- c) Précision et rigueur
- Formulation des consignes : Utiliser un vocabulaire précis, travailler la clarté, particulièrement pour les consignes de départ qui conditionnent l’enclenchement du travail. L’incompréhension de ce qu’il faut faire entraîne démobilisation et désordre. Ne pas enchaîner une suite de consignes alors que les élèves n’ont pas eu le temps de répondre à la première. Les consignes se suffisent à elles-mêmes et ne doivent pas donner lieu à un commentaire du maître ou à des compléments d’informations pendant l’exécution de la tâche par les élèves. Prendre l’habitude de donner la consigne une seule fois, ce qui oblige, l’enfant à une écoute efficace. Pas de questions à la cantonade qui appellent généralement des réponses en choeur (et créent le désordre…). Préférez : « Levez la main, les élèves qui ont terminé l’exercice » à « Qui a fini ? »
- S’adresser de préférence à un élève plutôt qu’à la classe.

- Organisation matérielle : Indiquer précisément aux élèves :
- quel matériel sortir ?
- que faire quand on a terminé ?
- où ranger le travail terminé ? Ne donner les consignes que lorsque la classe est prête à les écouter (difficulté pour un enfant d’avoir une attention partagée). Une séance doit s’ouvrir et se clore : S’ouvrir : Référence à l’emploi du temps quotidien ; "lecture de la matière et du sujet, "mobilisation de l’écoute des élèves (regards, position : mains posées à plat sur la table pour les petits, par exemple)… " annonce des objectifs et/ou des finalités. Se clore : Faire dire ce que l’on a fait, ce que l’on a appris. Faire imaginer la suite.

- La clôture d’une séance doit être institutionnalisée et doit rassembler tous les enfants dont certains, peut-être les plus rapides, sont en attente, plongés dans d’autres activités, dans d’autres coins de la classe. Il s’agit de recentrer l’attention de tous sur la séance qui vient de se dérouler.
- Penser à l’enchaînement de deux séances est indispensable :
- chant, poésie
- jeux de doigt,
- lecture d’une histoire courte
- retour à l’analyse de l’emploi du temps… afin de créer un temps de « repos », de « relâchement » avant une nouvelle concentration.

- d) Calme
- Voix posée,
- Propos mesurés,
- Positionnement dans la classe (s’approcher d’un élève un peu turbulent, se mettre au fond de la classe pour obliger un élève au tableau à parler plus fort…)
- Utilisation de gestes codés entre le maître et les élèves Par exemple, un doigt sur la bouche ou le maître qui s’assoit au bureau sans rien faire peut signifier, pour la classe, une attente de remise au calme.
- Pas de gestes brusques pouvant être assimilés à de l’agression.

- e) Dynamisme
- Utiliser la théâtralisation
- Moduler sa voix,
- « Mettre en scène » les situations ; par exemple, c’est toi la maîtresse, que vas-tu leur dire pour qu’ils comprennent… C’est difficile mais je vais voir si vous êtes capables de… Je vous ai apporté une surprise, elle est cachée dans ce sac…
- Lire, raconter de façon expressive et vivante.
- Utiliser son corps pour accompagner consignes ou réprimandes (faire les gros yeux, ouverture des bras pour accueillir les réponses des élèves…)

- 3) Relations avec les familles L’autorité du maître doit également être reconnue des familles. Pour cela, le maître doit être crédible :
- régularité dans la communication du travail aux familles,
- correction des cahiers soignée,
- mots de liaison pensés et recevables par les familles ; par exemple n’écrivez pas : « votre enfant a été odieux aujourd’hui… » mais plutôt « j’aimerais vous rencontrer pour discuter du comportement de votre enfant en classe ».
- disponibilité : écoute des parents. L’enseignant se doit d’informer les familles de :
- ses options pédagogiques,
- ses exigences éducatives,
- les règles de vie de la classe,
- etc., sous forme de réunions de classe et/ou de rencontres individualisées.

- La première réunion de parents est décisive et demande une préparation pointue. En conclusion, ces réflexions devraient permettre à un maître débutant d’inscrire la gestion du groupe dans son travail de préparation (préparation à long terme mais aussi préparations quotidiennes des séquences) et de ne pas confondre deux notions trop longtemps associées :
- « autorité », qualité intrinsèque et reconnue à une personne (autorité de l’adulte, autorité de compétences)
- « autoritarisme », désir de dominer et application irréfléchie des règles (parce que le maître se sent démuni). Si l’enseignant prend en compte tous les paramètres évoqués, trop rapidement il est vrai, ses élèves lui reconnaîtront « l’autorité » inhérente à sa fonction.

Post-Scriptum
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