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Une brève histoire de l’éducation

lundi 22 mars 2021, par phil

- Au départ l’éducatif prit corps autour de l’Agora grec ; les enfants n’allaient pas encore à l’école mais à la boutique pour apprendre à lire,compter et écrire.Ils étaient accompagnés d’un esclave de la famille,en grec "païdos", d’où étymologiquement le mot " pédagogue" : qui conduit l’enfant... Étant présent dans la boutique, ils finirent par servir de répétiteur.Bien sûr cet enseignement profitait aux enfants originaires de familles riches qui pouvaient payer l’enseignement de l’enfant au "boutiquier-enseignant". La pédagogie antique était sévère et ne voyait en l’enfant qu’un futur adulte ;"le plus grand éloge que l’on pût faire du petit enfant était qu’il égalait la sagesse du vieillard"...

- Au cours du naufrage de l’Empire d’Occident se dressait de plus en plus puissante l’Église Chrétienne.Au fur et à mesure que s’effaçait l’empire sous le coup des invasions et des révolutions, l’Église chrétienne renforçait son influence dans le domaine éducatif et scolaire.L’école renait donc avec l’école paroissiale. On remarque des opinions contradictoires.Pour les uns, seule la Bible était source unique de science et culture et il fallait s’abstenir "des livres diaboliques et païens". D’autres au contraire ne craignaient pas d’enseigner la grammaire ou la philosophie d’Aristote.Ils ne voyaient dans l’instruction scolaire qu’une simple technique intellectuelle,sans message autre à transmettre.Au Ville siècle,des évènements historiques entraînèrent la totale disparition des différents établissements scolaires, sauf un certain nombre d’écoles monastiques qui survécurent dans la nuit des temps de nouveau barbare.

- Un renouveau pédagogique s’organisa avec les moines découvrant dans les évangiles l’originalité et la qualité de l’enfance.Il fut souligné 4 caractéristiques propres à l’enfance:il ne persévère pas dans la colère/il n’est pas rancunier/il ne se délecte pas de la beauté féminine/il dit ce qu’ il pense.

- A partir des écoles monastiques, à l’époque carolingienne, il fut rétabli un système scolaire.Les écoles presbytérales ressuscitèrent avec les écoles épiscopales.Charlemagne envoya des circulaires aux religieux pour imposer au clergé l’étude du latin et des belles lettres,mais aussi ’l’obligation de dispenser l’instruction à ceux qui grâce à Dieu, sont capables d’apprendre(. . .)qu’ils recrutent et s’associent non seulement des enfants de condition servile mais encore les fils de parents libres.Et que des écoles soient fondées qui enseignent la lecture aux enfants. Qu’ils apprennent les psaumes, la sténographie,le chant,la grammaire (. . .)qu’ils aient des livres catholiques bien corrigés (...) et ne tolérez pas que vos enfants soient corrompus, soit par la lecture,soit par ce qu’ils écrivent... " Enseignement démocratisé mais ferme. Toutefois, l’afflux d’élèves dans les monastères obligea une sélection qui eut pour effet la création de "classes" auprès des églises et même d’Université (Paris,Oxford,Valence,Padoue).L’éducation fut ainsi au Moyen Âge sous le joug total de l’église.L’enseignement privilégié étant la lecture de la Bible ; le livre sacré pour accéder à la parole divine.

- Une question se posa : faut-il que tout le monde apprenne à lire dans la Bible ou pas ? Pour les catholiques,une sélection était obligée et cela entraîna la reproduction d’interprètes autorisés. Les protestants de la Réforme prirent le contre-pied de cette idée.Pour eux,tout le monde peut lire la Bible.Pas besoin de passer par l’intermédiaire du sacerdoce institutionnel du clergé" . Martin Luther écrivit et rendit populaire une humble brochure pour l’éducation chrétienne des enfants:le Petit Catéchisme.Pour lui , le sacerdoce et savoir étaient universel et non exclusif au clergé.Il proclama même que le métier de maître d’école était après la prédication le ministère le plus utile,le plus grand et le meilleur et encore ne sais-je lequel des deux doit passer le premier". La bataille entre catholiques et protestants plus l’invention de l’imprimerie jouèrent un rôle important dans l’alphabétisation de la France.On vit a partir du XVme siècle avec la contre-Réforme la création des collèges et d’écoles de Jésuites vouées a l’éducation des élites (l’école,le livre, le latin étant ce qui permet de gagner des esprits pour l’idéologie) .On vit,par ailleurs, les Réformateurs protestants enseigner dans divers locaux, les champs ou à l’abri des buissons pour éviter toutes persécutions (d’où l’expression "école buissonnière")

- Enfin,le Moyen Age laissa la place aux Temps Modernes avec uun christianisme éclaté entre la Réforme et la Contre-Réforme mais surtout un nouveau système éducatif avec les petites écoles et les collèges supérieures et secondaires bien que conjugués avec Bible et Catéchisme.Pendant les Temps Modernes,les protestants avec leur idéal éducatif et culturel d’une valorisation du livre et de la culture savante d’inspiration religieuse resteront bannis.Le concile de Trente favorisera par défi de la Contre Réforme la création de séminaires pour le clergé à instruire (1545163).Le XVIIe siècle vit un succès considérable des collèges jésuites fondés à partir de 1550.L’enseignement était fondé sur les humanités, une grande rigidité disciplinaire et morale ajoutés naturellement a une éducation religieuse importante tandis que décline l’Université d’origine médiévale,un déclin surtout en théologie et médecine. Il se multiplie des ordres charitables enseignants. les lassailiens, les ursulines,et surtout les Frères des Ecoles chrétiennes (enseignement gratuit mais classes trop surchargées). L’école rurale reste payante pour l’élite rurale. L’école, à l’époque, est avant tout le maître.Ce n’est pas nécessairement un local. Le maître peut enseigner chez lui.Il est choisi par ceux qui le paye, à savoir le fondateur de l’école et ses descendants,le curé et la commune (le Maire).Dans la région de Briancon,c’est une Foire aux instituteurs qui permet le recrutement.

- La Révolution de 1799 voit surgir de nombreux projets et de nombreuses utopies (Condorcet, Talleyrand,Le Pelletier St Fargeau...) Condorcet fut l’inspirateur d’une école idéale, obligatoire, gratuite, gérée par l’État. Une belle idée jamais réalisée faute de moyens financiers et de consensus politique.En revanche,entre 1799 et 1799,ce fut la fin des petites écoles des communes a cause des persécutions contre l’Église. On assista a un effondrement de l’enseignement primaire.

- La loi Foucray de 1902 laissa se reconstituer les écoles selon le modèle d’avant 69,d’obédience majoritairement religieuse.Napoléon se désintéressa de l’enseignement primaire très attaché au catholicisme. Il crée néanmoins les grandes écoles vers 1794 pour la formation des techniciens et des administrateurs (Polytechnique, École Centrale, Arts et Métiers, École des Mines).Napoléon organisa également une totale reconstitution de l’enseignement secondaire par la création des lycées en place des collèges Jésuites (par ex. Lycée Henri IV à Paris). Il crée aussi en 1909 le Baccalauréat et refond une université moderne au désespoir de l’Église. De cette date apparait l’origine de la lutte acharnée entre laïques et religieux. Sous la Restauration en 1616, une loi encourage les communes a entretenir l’école et exige un diplôme minimum pour enseigner. L’enseignement est placé sous l’autorité du Maire et du Curé qui a pouvoir d’inspection de la classe.Le catéchisme y est obligatoire. L’enseignement religieux se développera beaucoup sous la Restauration.

- Sous la Monarchie de Juillet (Louis-Philippe),chaque commune est obligée désormais d’entretenir une école.De plus est crée dans chaque département une école Normale de garçons pour former les futurs instituteurs,en 1933.Les écoles primaires sont invitées à accueillir gratuitement un quota minimum d’enfants d’origine modeste ou pauvre.

- Sous Napoléon III concomitant avec le progrès des Sciences et l’essor de l’industrialisation,l’enseignement se modernise avec l’introduction de nouvelles matières maths,physique,biologie...En 1667 sont admises au lycée les premières filles.

- En 1979 avec les lois Jules Ferry,c’est un "Coup d’État" dans la lutte pour l’éducation (gratuité de l’enseignement,laïque et obligatoire).Dès lors, l’Église se pose en concurrente avec ses écoles confessionnelles contre l’école laïque qu’elle juge marquée à "gauche". Durant l’Entre-deux-guerres,on critique la manque de passerelle entre la primaire et les lycées...mais il reste que l’école est de qualité,l’instituteur respecté dans sa fonction et l’alphabétisation de masse fort bien réussie.

- En 1945,après la seconde guerre mondiale,le Plan Langevin-Wallon marque un grand tournant dans la démocratisation totale de l’enseignement et le développement d’une éducation dite nouvelle.Ce plan sera peu a peu appliqué, faute d’être totalement entendu en 1945.En 1959, c’est la généralisation des collèges. En 1977,on crée le collège unique pour réduire la sélection et l’entrée obligatoire au Collège.

- En Juillet 1989, "double révolution", un pari et une priorité sont lancés par la loi Jospin.Le pari de 80% d’une classe d’âge parvenu au Baccalauréat a l’horizon 2000.La priorité : tout faire pour placer l’enfant au cœur du système éducatif... Une loi en liaison directe avec le concept d’éducation nouvelle.

- Presque tous les grands théoriciens de l’histoire de l’enseignement et de la pédagogie ont entrevu parcelle ou plus de ce que l’on nomme l’éducation nouvelle (une activité vraie et le caractère réciproque entre les sujets éduqués et la société).Il semble évident que la maïeutique,c’est-a-dire l’art d’accoucher la vérité par une interrogation apparemment naïve remettant en cause les évidences pour faire éclater la vérité par une interrogation apparemment naïve remettent en cause les évidences pour faire éclater la vérité,était plus un appel a l’activité de l’élève qu’a sa docilité a recevoir un enseignement.Du quasi même ton est la réaction de Rabelais et Montaigne contre l’éducation verbale et la discipline inhumaine du XVIe siècle à l’enseignement complètement sous le joug catholique.Ces réactions et d’autres firent leur chemin et avec le progrès scientifique on aboutit dès lors à des intuitions ,observations psychologiques plus fines:vrai rôle de l’intérêt, observation indispensable de la nature, nécessité d’une initiation à la vie pratique,opposition entre la compréhension personnelle et la mémoire.On disait "savoir par cœur" n’est pas savoir. Inspiré sans expérience scientifique donnée Rousseau,à cause de ses convictions personnelles sur "l’excellence de la nature et la perversion de la société" est parvenu à l’idée que l’enfance est utile puisque naturelle et le développement mental réglé par des lois constantes.Un mécanisme,selon Rousseau,à utiliser plutôt que contrarier. D’où une pédagogie qui anticipe sur" les méthodes nouvelles". Rousseau entrevit que "chaque âge a ses ressorts (...), l’enfant a des manières de voir, de penser et de sentir qui lui sont propres".Rousseau démontrait déjà que l’on n’apprend rien sinon par une conquête active-l’élève devant réinventer la science plutôt qu’en répéter les formules verbales.Il donna ce conseil : "Commencez par étudier vos élèves car assurément vous ne les connaissez pas". Intuition continue, Rousseau posa les jalons d’une nouvelle pédagogie dont les fondements psychosociologiques seront ultérieurement bâtis de façon objective par l’observation et l’expérience... De nos jours, les mondes de la formation initiale et continue, des jeunes et des adultes ont adopté ces méthodes nouvelles rebaptisée méthodes actives en opposition aux méthodes traditionnelles dites "passives"...