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La dictée à l’adulte

samedi 30 janvier 2021, par phil

- Au cycle des apprentissages fondamentaux comme au cycle des apprentissages premiers, la mise en mots des textes produits par les élèves passe de manière privilégiée par la dictée à l’adulte.
- La production, en maternelle comme au CP, exige d’être une activité récurrente tout au long de l’année de manière à porter ses fruits et une forte présence de l’enseignant pour nombre d’élèves.
- Mobilisant la dimension textuelle de l’écrit, la dictée à l’adulte est une des techniques les plus fécondes. C’est une réelle activité génératrice de progrès si elle permet un engagement réel des enfants ; il importe donc que le groupe soit réduit autour du maître. La constitution de groupes restreints est un dispositif très facilitant pour cette activité essentielle qui conduit de la maîtrise du langage oral vers celle du langage écrit. Des premiers pas en grande section de maternelle à un étayage fonctionnel en cours préparatoire.

- Cette activité est soutenue par les exigences du maître qui impose une phase de réflexion individuelle (on réfléchit à « ce que l’on va dire et comment on va le dire »), puis fait travailler la mise en mots, la fait améliorer, passe à l’écriture en demandant une vraie « dictée », écrit en commentant son activité, relit.

- L’enseignant peut mobiliser quelques élèves sur la recherche de mots connus, sur la recherche de l’écriture de mots accessibles.

- La dictée à l’adulte peut s’appliquer à une grande diversité d’objets : Des comptes rendus d’expérience dans le domaine scientifique ; des comptes rendus de visite (environnement) ; Des textes insérés dans un carnet de lectures personnel qui indiquent pourquoi on a aimé tel livre, ce qu’il raconte ; des légendes de dessins illustrant un livre découvert dans un travail de groupe et qui sera rapporté à l’autre partie de la classe, des légendes d’une exposition photographique suite à un événement scolaire ;

- Mener la dictée à l’adulte est une modalité durant laquelle des enfants énoncent peu à peu le texte que le maître inscrit pour eux sur un papier On peut produire TOUS les genres d’écrits en dictée à l’adulte.

- Cette activité dynamique et de réflexion stimulée des élèves présentent toutefois quelques difficultés. En effet, les enfants doivent prendre, pour écrire, le point de vue de quelqu’un qui ne le connaît pas (le futur lecteur). Il se produit un changement de perspective qui consiste à passer d’un langage très oral à des énoncés écrivables qu’autrui peut lire et doit comprendre. Sans la présence de l’interlocuteur qui de façon gestuelle, mimique ou verbale peut pallier à des incompréhensions dans les échanges interpersonnels.

- Les conditions matérielles et l’attitude du maître par rapport aux propositions verbales des enfants et sa propre attitude langagière sont des éléments importants pour conduire cette activité efficacement (en apparence simple, mais pas tant que cela, car elle exige une rigueur syntaxique et lexicale langagière pour l’enseignant).

- Il convient d’organiser la classe dans un travail en petits groupes de 4 à 6 enfants. En grand groupe, ce sont les mêmes enfants qui parlent ; en relation individuelle, la dictée est coûteuse en temps (mais selon la situation de classe ou en aide personnalisé, cela est tout à fait possible). L’enseignant peut former des groupes homogènes avec des élèves aux performances langagières proches et solliciter la parole de chacun, il peut aussi faire le choix d’intégrer des « petits parleurs » à des groupes performants pour qu’ils voient et entendent fonctionner la situation.

- Pour mieux gérer le temps, on peut penser le passage successif de plusieurs groupes pour dicter le texte en le poursuivant, pendant 2 moments dans la journée pour garder une bonne dynamique de l’écriture. Ménager un temps de regroupement, assez rapproché du temps de dictée, pour lire le nouveau passage de texte produit et mettre ainsi toute la classe au courant et mesurer l’effet sur les autres enfants.

- Penser l’installation matérielle convient à prévoir un lieu « tranquille » (coin de classe, autre lieu proche) pour pouvoir se concentrer ; les élèves sont installés tous face à la feuille (position verticale du papier, feuilles grandes et longues, feutres gros et noirs). Installer tous les éléments préparatoires déjà élaborés en groupe classe : pense-bête, canevas, liste de mots, éléments de connaissance du monde.

- Afin de favoriser la construction de compétences en langage écrit, l’enseignant écrit en cursive. Il commente l’acte d’écriture, redit aussi les finalités et l’intérêt de cet écrit qu’on va produire. Il est important de le répéter souvent car ce n’est pas évident pour des enfants.

- Une des difficultés est la confusion pour certains enfants entre le discours sur la tâche et le contenu du message : on va écrire mais qu’est-ce qu’on va « dire » dans cet écrit ? Le maître va instaurer un va-et-vient entre 2 moments : il regarde les enfants pour se mettre d’accord sur ce qu’on veut dire - il regarde (et se tourne vers) la feuille de papier pour écrire montrant ainsi qu’on change de discours. La familiarité avec cette tâche va permettre aux enfants de comprendre la situation et l’activité.

- La dictée confronte les enfants au fait qu’on n’écrit pas comme on parle, qu’il faut changer ce qu’on dit pour pouvoir l’écrire : la question du maître doit être « est-ce que nos lecteurs vont comprendre ? ». Cela suppose de passer du contenu à l’énonciation, donc une prise de distance par rapport aux contenus : il va falloir élaborer et négocier le texte à écrire en permettant aux enfants de se compléter les uns les autres pour arriver à une version acceptée par tous. Respecter le plus possible les formulations des enfants pour éviter de trop normer par rapport à une langue écrite considérée comme « bonne » ; cependant, certaines modifications sont indispensables (les formes trop orales : « i » pour « il » par exemple ; la morphologie des temps verbaux : « il parta » pour « il partit »)

- L’attitude langagière du maître pour favoriser la découverte de la nature de l’écrit est préférablement la suivante :

- éviter de relire syllabe par syllabe puisque ça ne correspond pas à l’écrit,
- relire plutôt en montrant chaque mot,
- répondre aux remarques des enfants sur l’écrit par des questions qui amènent l’élève à chercher la réponse lui-même,
- « parler » son activité de scripteur en utilisant quelques termes métalinguistiques (phrase, mot, lettre, ligne) et des expressions exprimant le rôle d’un mot (ex : les mots qui font avancer l’histoire pour les connecteurs)
- faire repérer les marques de ponctuation,
- commenter la gestion de l’espace-page.

- Progressivement on tend vers plus d’autonomie de la part des élèves : plus de discussions entre eux sur les formulations et les corrections à apporter, le maître se mettant en retrait ; plus de participation à l’écriture.

- Concernant la réalisation graphique, en cours de dictée, le maître s’arrête d’écrire et laisse la place à des enfants qui vont écrire certains mots soit directement sur la feuille collective, soit en recherche individuelle sur leur cahier. Il convient que la mise au propre du texte s’effectue soit par le maître sous la dictée active des enfants (indications portant sur la phrase entière, épellation de mots, mise en page ---), soit par copie des élèves eux-mêmes.

D’après les travaux de Dominique Daendliker, CPC à St Maximin ; La dictée à l’adulte.