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Pistes didactiques pour enseigner le vocabulaire

jeudi 22 avril 2021, par phil

1 - Les mots sont tous nés quelque part ou l’étymologie :

Parce qu’elle renvoie à la question des origines (et l’on sait que les dinosaures et les hommes préhistoriques passionnent nos élèves), et que, d’un point de vue psychanalytique, cela évoque la question essentielle de tout enfant (« D’où je viens ? Où étais-je avant ? »), la question de l’étymologie peut passionner bien des enfants. Ils apprendront ainsi que :
- « chandail » vient de « marchand d’ail »,
- « salaire » du latin sal, salis (le sel, salaire des légionnaires),
- et que les racines grecques ou latines classiques :(« mammi – fère », qui porte des mamelles, « omnivore » qui mange de tout, etc) proposées dans le Petit Larousse sont d’un rendement intéressant en raison de la fréquence de leurs apparitions. On pourra en apprendre une dizaine au cycle 3. On peut aussi travailler à partir d’un « Dictionnaire des prénoms ». Certains ouvrages, récemment parus intègrent aussi les prénoms maghrébins et turcs les plus courants. Ainsi « Mohamed » signifie « digne de louanges » et Fatima « petite chamelle ».

ƒ« La Bible des prénoms » de Florence LE BRAS (2002) Marabout, « D’où vient ton nom ? » de Jean-Louis BEAUCARNOT – Diégo ARANEGA (Albin Michel, Jeunesse 2002) ƒ « Le Petit Robert » (édition 2004) propose des encarts de mots de la même famille. Ainsi « croix » donne « croisée, croisement », sur le latin « crux, crucis », on a construit cruciforme, crucifère et cruciverbiste et sur « cross » (anglais) « bicross et cross-country ».

2 - Des noms propres peuvent évoluer et devenir de s noms communs :

Certains hommes (ou certaines femmes) sont tellement célèbres qu’ils ont donné leur nom (propre) à une chose. Ainsi un nom propre peut devenir nom commun :
- une sauce Béchamel, une Renault (constructeur français), un gavroche, (tiré des « Misérables »), une poubelle, un hercule (personnage mythologique), un colt (inventeur), une silhouette (ministre), etc…. et les mots dérivés d’un nom propre :
- le hachis parmentier, la nicotine (de Jean Nicot). C’est l’occasion pour les élèves de regarder des mots ordinaires avec un regard neuf et de s’interroger.

ƒ « Messieurs Poubelle, Sandwich et Cie » (Albin Michel Jeunesse 2002) de Denys PRACHE, et Nicole CLAVELOUX (on y trouvera aussi les mots : bégonia, guillotine, bottin, macadam, diesel, derrick, godillot qui proviennent tous d’un nom propre). Dans la même collection de Joël Martin et Rémy Le Goistre [« l’Art des mots, l’eau des mares » pour les premières contrepèteries (correctes malgré tout) de nos élèves] .

3 - Les mots mis bout à bout peuvent vouloir dire autre chose : Les expressions figées ou les proverbes.

On s’en tiendra à des expressions ou à des proverbes à la portée des élèves. Ces derniers découvrent ainsi que comprendre des mots un par un ne suffit pas à cerner une expression.
- « en venir aux mains, chercher midi à 14 heures, se jeter à l’eau, se fendre la pipe, ça se bouscule au portillon ». On peut travailler de façon ponctuelle dès le cycle 2 et plus systématiquement au cycle 3 sur les expressions liées
- à une couleur (« blanc »‡ « carte blanche, regarder dans le blanc des yeux »),
- à une partie du corps (« mains »‡ « gagner haut la main, une main de fer dans un gant de velours »),
- ou à un animal (« cheval »‡ « une fièvre de cheval, ce n’est pas un mauvais cheval ») et relever dans le dictionnaire toutes les expressions, comparaisons, images. Les proverbes sont aussi une source inépuisable de réflexion sur le langage : « Tel qui rit vendredi dimanche pleurera », « L’occasion fait le larron », « L’habit ne fait pas le moine ». On essaiera de les comprendre et de les utiliser à bon escient et dans des situations concrètes. Les élèves prennent beaucoup de plaisir à les décortiquer et en jouer. Ils ont ainsi le sentiment de grandir.

ƒ pour l’enseignant : « Dictionnaire d’expression et de locutions » d’Alain REY/Sophie CHANTREAU (Le Robert) (1979, 1ère édition),

4 - Les mots naissent, grandissent et parfois meurent :

On pourra faire aussi travailler de façon amusante les élèves sur l’évolution des mots et la création lexicale :
- Bikini (mot océanien, île du Pacifique où a lieu la première explosion atomique) ‡ bikini (maillot deux pièces « explosif ») ‡ monokini, (car « bi » de bikini a été perçu, à tort, comme le préfixe latin « bi/bis »).
- Surfer (sur les vagues) ‡ surfer (sur le web) ‡ surfer (sur le succès),
- Aujourd’hui, dans le langage des jeunes, « trop » a tendance à remplacer « très » : « il est trop nul », et « Point-barre », « point à la ligne ». Une langue n’est donc pas une suite d’étiquettes mais bien un organisme vivant. Pendant que des mots tombent en désuétude (« sarrau, délié, charron, savetier … »), d’autres naissent et restent (« post-it, DVD », etc..), d’autres naissent et retombent vite dans l’oubli (« publiphobe » dans les années 70). Le « Larousse » du centenaire (édition 2005) présente entre les pages 576 et 577, avec des dessins très imagés, les mots nouveaux (« kiffer », fleurissement »). En 2005, le Petit Larousse a ainsi accepté : « bobo » (bourgeois, bohème) « avoir la niaque », « flouter » (une photo) et « déjanté » Parallèlement, entre les pages 1472 et 1473, sont présentés des dizaines de mots existant en 1905 et tombés depuis dans l’oubli : « s’accroupetonner », « bredi-breda » (trop vite) et « journoyer » (passer sa journée à ne rien faire.

5 - Les mots traversent les frontières (mots étrangers)

A l’heure de l’Europe et de la « mondialisation », il peut être utile de montrer les mots étrangers venus s’installer en France. L’anglais donne des centaines d’exemples mais on insistera sur les autres langues. Un bon outil : les ouvrages d’Henriette Walter, stimulants et amusants qui montrent les origines on ne peut plus « métissées » de notre langue.

ƒ Henriette Walter : « Le Français dans tous les sens ». R. Laffont (1988). Poche. : « Honni soit qui mal y pense » R. Laffont 2001.