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Eduquer à la santé : quelques principes

lundi 1er mars 2021, par phil

L’éducation à la santé s’inscrit dans l’éducation à la citoyenneté : elle construit le lien entre santé et solidarité. Quelles sont les missions assignées à l’école en termes de santé des élèves ?

Elles tiennent en 3 mots-clés : protection, prévention et éducation. Protéger en assurant un environnement approprié : des conditions de travail correctes, des lieux adaptés et sains (cour d’école, cantine, classes, toilettes...) mais aussi un encadrement suffisant, des médecins et infirmières scolaires en nombre suffisant. Prévenir implique des actions sur des thèmes spécifiques sur l’hygiène, les conduites à risque. Enfin, le plus important, l’éducation concerne le développement des élèves au quotidien dans les classes. Mais il y a aussi un principe : chacun son métier. Ce n’est pas aux enseignants de faire un diagnostic quand un enfant ne va pas bien. Par contre ils doivent travailler en lien étroit avec la santé scolaire et notamment s’assurer que les enfants les plus vulnérables aient accès à ce dont ils ont besoin. C’est un travail de solidarité qui exige d’adapter son comportement. Comment se définit l’éducation à la santé ? La façon de contribuer à l’éducation à la santé diffère selon les missions des professionnels concernés.

Concrètement, un enseignant n’a pas à agir comme un médecin ou un infirmier, mais doit construire des activités pédagogiques durables et adaptées. Tous les professeurs d’école font de l’éducation à la santé, parfois sans le savoir, ou avec le sentiment de ne pas le faire comme il le faudrait par manque de soutien, de supports, de formation. L’éducation à la santé est constitutive de l’éducation à la citoyenneté : il s’agit de contribuer au volet citoyen, public et non au volet familial, privé. Les enfants doivent acquérir les moyens d’exercer des choix libres et responsables. Pour autant, la part de la responsabilité de chacun dans sa propre santé ne doit pas être surévaluée. Les déterminants sociaux ou la susceptibilité personnelle à telle ou telle maladie jouent un rôle centre et ne relèvent pas de l’action des individus. Pour l’école, il est possible de travailler trois dimensions complémentaires. Premièrement la connaissance de soi, de son corps, de sa santé. Ensuite les compétences personnelles sociales et civiques (estime de soi, capacités de communication, solidarité...) Enfin la mise à distance critique de tout ce qui relève de la pression de l’environnement et des stéréotypes. Le rôle spécifique de l’école n’est pas de rendre l’élève en bonne santé mais de lui donner les moyens de l’être. Cela se travaille à travers des activités de langage (littérature de jeunesse), en sciences, etc. Les enseignants sont aussi confrontés aux problèmes médicaux quotidiennement... La posture contemporaine rompt avec l’approche hygiéniste du début du XXème siècle qui visait la normalisation des comportements. Aujourd’hui on s’interdit de rentrer dans la vie privée des gens. Le rôle des enseignants est d’apporter des éléments concrets : apports pédagogiques, respect de normes différentes, ne pas stigmatiser, revaloriser au maximum... Pour les problèmes quotidiens, le ministère a rassemblé tout ce qu’il y a à savoir dans un document sur l’hygiène*.

L’enseignant est souvent en porte à faux quand il s’agit de gérer les bobos au corps et à l’âme : difficile quand il y a confusion des rôles (« Est-ce à moi de le faire ? Où s’arrête ma responsabilité ? »). Il est important de ne pas hésiter à prendre conseil, notamment de travailler avec le santé scolaire ou d’appeler le « 15 » quand on a besoin d’un avis médical. Pour le reste ce sont des règles d’hygiène simples avec des habitudes à prendre comme de mettre des gants (pour protéger les enfants, mais surtout par principe non discriminatoire). En maternelle on est tous les jours confronté à ces questions. Par exemple les toilettes, source d’incompréhension mutuelle : selon les Atsem les élèves sont mal éduqués et selon les enseignants les toilettes sont mal entretenues. Dans une enquête, Elvire Gaime a montré l’importance de l’articulation entre les différents membres de la communauté éducative : il faut discuter concrètement des problèmes, travailler de manière collaborative en articulant les différentes missions. Quelle peut être l’attitude des enseignants face à la pandémie grippale ?

En fait, les écoles ont à mettre en oeuvre ce qui est habituel dans leur champ d’activité habituel. Tout ce qui est dit aujourd’hui est déjà dans les textes. Il faut mettre à distance critique la médiatisation et l’utilisation par le ministre de cette grippe. Il faut la prendre en compte mais aussi en profiter pour donner une nouvelle légitimité à nos missions. Les enseignants doivent donner du sens à ce qui est construit comme un état d’urgence, recontextualiser cet événement dans les savoirs plus généraux de ce que peuvent être la santé et la maladie, et donc transmettre les attitudes à adopter. La grippe est une occasion pour travailler l’articulation santé et solidarité.