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Repères pour bien démarrer la classe le premier jour

mardi 23 mars 2021, par phil

Lier connaissance, se présenter les uns les autres, expliquer les méthodes de travail et les règles de travail, annoncer le programme, faire respecter d’emblée la discipline et un climat serein de travail… autant de points d’ancrage essentiels qui ne sont pas faciles à mettre en œuvre. Toutefois, ce premier rendez-vous est primordial, il convient d’être réfléchi et préparer avec autant de rigueur qu’une séquence didactique. Article rédigé d’après le Guide des profs, revue l’Etudiant , 2002

DÉMARRER LA CLASSE, DÉMARRER L’ANNEE SCOLAIRE DE TRAVAIL AVEC UNE CLASSE D’ELEVE

Dans quel état d’esprit aborder la première rencontre avec ses élèves ? Constructif et fer¬me, bien sûr ! Des dispositions indispensables pour édicter les règles de la vie en classe et instaurer une ambiance propice au travail. La vigilance est de mise : l’émotion peut facilement brouiller les cartes, surtout chez les débutants. « Des deux côtés, la première confrontation est chargée de beaucoup d’inquiétude et d’espérance. Chacun imagine souvent à tort ce que ressent Vautre. Les élèves ne pensent pas que renseignant peut être intimidé et vice versa », ana¬lyse Suzanne Nadot, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’IUFM de l’académie de Versailles (1). Avant toute chose, le professeur doit remplir le rôle imparti par sa fonction, celui que réclame son auditoire. « Vis-à-vis de ses élèves, il est responsable des apprentissages, garant des valeurs morales de l’institution. C’est pas un copain », insiste Michelle Maisonhaute, responsable de la formation second degré à l’antenne de San Germain-en-Laye de l’IUFM de Versailles. Pour asseoir leur légitimité, certains enseignants éprouveront le besoin de trôner derrière le bureau, de se donner un look sévère, d’autres préféreront avoir recours au vouvoiement ou encore faire un premier cours ex cathedra. Des moyens à utiliser toutefois avec modération, sous peine de basculer dans l’ostentation et la caricature.

SAVOIR SE PRESENTER

Lors des présentations d’usage, il est important de maintenir une certaine dis¬tance. Plutôt que raconter ses vacances ou ses hobbies, mieux vaut opter pour une formule sobre du type : « Je serai cette année votre professeur de physique. » Histoire d’éviter toute tentation de connivence. Côté élèves, le système des fiches signalétiques à base de « nom », « prénom » et « profession des parents » n’est plus de mise. « Je préfère découvrir les enfants au fil de l’eau. Tant qu’il n’y a pas de problème, je n ’ai pas besoin de connaître leur situation sociale », explique Gérard, 50 ans, professeur d’histoire-géographie en collège à Valenciennes. « Solliciter des informations sur la famille ou les activités en dehors de l’école s’apparente à une intrusion dans la vie des élèves, et demander les notes de l’année précédente stigmatise d’emblée les moins bons », renchérit Suzanne Nadot. En clair, autant éviter les étiquettes !

IDENTIFIER LES ÉLÈVES PAR LEURS NOMS

Il est primordial, en revanche, de repérer très vite le plus de noms possible afin de discipliner l’échange dans la classe. En effet, un élève sera moins enclin à l’agressivité s’il n’est plus couvert par l’anonymat du groupe. Chez les petits, jouer avec les prénoms peut aussi présenter un intérêt pédagogique : « Chaque enfant donne son prénom à tour de rôle, après on essaie de se rappeler le prénom de la voisine. Ça sert à faire un jeu de situations dans l’espace, mais aussi un jeu de maths. Combien y a-t-il de garçons ? De filles ? » (François, CP dans le Val de Marne). Au fur et à mesure de l’exercice, les élèves prennent conscience qu’ils forment un groupe. Lors de cérémonials d’appels plus classiques, il faut surtout veiller à ne pas commettre d’erreur d’écriture ou de prononciation. « Écorcher un nom écorche la personne », avertit ainsi S. Nadot.

RASSURER

Dans les classes charnières, comme le CP ou la sixiè¬me, les élèves ont besoin de plus d’attention pour faire face au changement d’établissement et de mé¬thodes de travail. Au point que certains collèges n’hé¬sitent pas à mettre les sixiemes une demi-journée entre les mains de leur professeur principal. A l’entrée en primaire, il est important de sécuriser les enfants... mais aussi leurs géniteurs. C’est pourquoi François demande toujours aux parents des CP d’être présents lors du premier quart d’heure : « Je leur montre les locaux, la place de leur enfant. Ça les rassure et du coup, ça rassure les élèves. »

ANNONCER LA COULEUR

Une fois son personnage bien campé, les présentations dûment effectuées et les élèves mis en confiance, reste à annoncer l’emploi du temps et le programme. Mais aussi à préciser les règles de la vie en classe tout en étant transparent sur ses principes pédagogiques. Ce à quoi s’attelle chaque année Rémy, 35 ans, professeur de ma¬thématiques dans un col¬lège de Montpellier : « Je donne des contraintes du type "on lève le doigt avant de parler". Je mets des limites au niveau sonore. Puis j’ explique mes méthodes de travail et ma vision de la discipline :je ne préviens jamais des contrôles à F avance, afin d’éviter le bachotage ; je ne mets pas les maths sur un piédestal, mais je les vois comme un outil au service des sciences et des techniques ; mon cours est construit à partir des interventions des élèves ;je réponds toujours à une question, même si elle a été posée dix fois. » L’essentiel n’est pas de tout dire, mais de bien cadrer les principes. Si l’on ne se sent pas suffisamment prêt, rien n’interdit, par exemple, d’utiliser des formules comme : « II y aura peut-être des changements par la suite, mais je vous en avertirai à l’avance. » II faut également prendre garde à ne pas noyer les élèves sous trop d’informations.

ÉTABLIR UN CONTRAT

Pour inscrire les règles dans le marbre, certains enseignants n’hésitent pas à contractualiser par écrit leurs relations avec les élèves. En ce cas, ils doivent être certains de respecter les termes du contrat, sous peine de perdre leur crédibilité. A chaque rentrée, Gérard négocie ainsi un « contrat de vie de classe ». À l’ordre du jour, six grands thèmes : le matériel, le soin apporté au travail, les règles de vie en classe, le travail en groupe, les évaluations et le travail à la maison. « Sur chacune de ces questions, je fais plusieurs propositions qui sont discutées et amendées », précise l’enseignant. Réciprocité oblige, à chaque devoir accepté par la classe correspond un engage¬ment à prendre. L’article « élèves » : « Travailler en s’amusant... sans oublier de travailler », par exemple, a pour pendant l’article « prof » : « Travailler en s’amusant... sans oublier de préciser les règles. »


IMPOSER SON AUTORITÉ

Dans les établissements difficiles, le premier contact avec les élèves prend souvent des allures d’épreuve de force. « II faut repérer les fortes têtes et les remettre à leur place. Eux vous testent dès la première heure. C’est toujours extrêmement dur », témoigne une enseignante de français, dans un collège classé en ZEP. Le jour de la rentrée, ses élèves de troisième ne lui ont pas fait de cadeaux : « Aucun n’était rangé, certains se battaient dans le couloir. Ils se sont installés n ’importe comment et n ’ont pas sorti leurs affaires. A un moment, je leur ai demandé d’écrire un texte sur un film qu’ils avaient vu. L’un d’eux m’a rendu un torchon au bout de deux minutes en me disant "tu crois que j’ai que ça à foutre" », se souvient-elle. Finalement, cette surenchère dans l’insolence lui a rendu service. Elle a mis le trublion dehors, et le reste de la classe s’est aussitôt calmé. Réagir au quart de tour est le meilleur moyen de ne pas se laisser déborder. Même si, constate Rémy, « les élèves qui poseront le plus de problèmes au cours de l’année ne sont pas forcément ceux qui se montrent de prime abord les plus turbulents ».

(1) Codirectrice avec Claudine Blanchard-Laville d’un ouvrage collectif intitulé Malaise dans la-fuiina-tion des enseignants, L’Harmattan, 2001.

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