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Enseignants : petits gestes, grands effets

vendredi 15 janvier 2021, par phil

Dès leur « entrée en scène » dans la salle de classe, certains enseignants apparaissent comme sûrs d’eux, à l’aise. D’autres en revanche semblent plus en retrait et sans réelle conviction. À l’origine de ces différences s’ancreraient des « microgestes » décortiqués dans une thèse en sciences de l’éducation. S’appuyant sur son expérience de chef de chœur et d’orchestre, l’auteur, Jean Duvillard, également professeur d’éducation musicale, en retient cinq : la posture gestuée, la voix, le regard, l’usage du mot, le positionnement tactique. Que dire d’un professeur qui se déplace « d’un pas nonchalant, traînant et chaloupé en se touchant la barbe » ? « Ce geste personnel de se toucher la barbe semble nous dire : “Comment vais-je m’y prendre aujourd’hui ?” ; surtout si, en plus, le pas n’est pas assuré et qu’aucune énergie ne semble venir soutenir cette attitude », commente le chercheur. Autrement dit, cet enseignant « n’est pas en mesure de reprendre le pouvoir d’autorité sur le groupe ». La voix et son intonation, la parole et son débit se révèlent tout aussi cruciaux : par exemple, lorsqu’un groupe est très dissipé, mieux vaut éviter, pour le prof, de parler trop lentement. Le regard, quant à lui, peut « blesser davantage que le mot, il est porteur d’une charge affective supérieure ». J. Duvillard cite le cas de cet enseignant qui ne cesse de regarder ses élèves d’un air entendu semblant signifier : « De toute façon je ne pourrai rien tirer de vous. » « Trop nombreuses sont les actions gestuées qui ne sont pas en accord avec la volonté de communication du professeur », remarque le chercheur. Comme antidote, il suggère de développer la prise en compte de ces microgestes dans la formation initiale et continue des enseignants.


Jean Duvillard, « “L’introspection gestuée”. La place des gestes et microgestes professionnels dans la formation initiale et continue des métiers de l’enseignement », thèse de doctorat en sciences de l’éducation soutenue à l’université Lyon-I en octobre 2014.

Post-Scriptum
Gestuelle des enseignants Hecquard - le 21/09/2015 Telles que les choses sont présentées dans votre article, cette "analyse" de gestes des enseignants apparaît bien subjective et les conclusions beaucoup trop radicales. On sait qu’un geste n’a pas de signification universelle, il doit être placé dans son contexte et pris en compte en fonction de la personne. Par ailleurs, ces gestes ne sont pas "à l’origine" de la confiance de l’enseignant : ils sont plutôt une conséquence de son état intérieur. Ce qui est donc à travailler ce n’est pas la gestuelle mais la confiance en soi et le leadership. Si cela ne fait pas déjà partie de leur formation, il faudrait aussi que les enseignants acquièrent des notions de dynamique de groupe pour savoir, par exemple, comment réagir face à un groupe agité : ralentir son propre débit vocal, est justement une des façons de réguler une ambiance de groupe un peu rapide.


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