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Adrien : « Comment est-ce qu’on meurt ? »

jeudi 18 novembre 2021, par phil

Bernard Sablonnière, Université de Lille

Mourir c’est perdre la vie. Les trois organes vitaux essentiels : le cœur, les poumons et le cerveau cessent de fonctionner. Bien entendu, tous les organes sont les membres d’une vaste famille dont chacun joue son rôle au bon équilibre du fonctionnement de la machine : le corps humain.

Un organe noble, preuve de vie : le cœur

Le cœur qui bat, distribue tout ce qu’il faut aux organes pour leur bonne marche : c’est l’oxygène de l’air, le sucre du sang et beaucoup de substances indispensables à nos cellules. Donc si le cœur s’arrête très vite, par exemple lors d’une hémorragie importante (une grande perte de sang), l’une des causes de la mort brutale, le cerveau ne reçoit plus l’oxygène dont il a besoin. En quelques minutes, il cesse de fonctionner, on perd la conscience de ce qui nous entoure et on meurt. Un autre exemple est donné par l’infarctus qui touche des adultes dont les artères qui apportent l’oxygène au cœur sont en mauvais état et se bouchent. Ici, le cœur devient rapidement défaillant et ne peut plus distribuer le sang aux autres organes.

Un chef d’orchestre temple de la conscience : le cerveau

Cet organe est important pour expliquer comment on meurt, car il reçoit et interprète toutes les perceptions extérieures : entendre, sentir, voir, ressentir de la douleur ou encore de la peur. En cas d’accident, d’un traumatisme ou d’une maladie grave, le cerveau fonctionne souvent jusqu’à la dernière seconde. En attendant le médecin ou les secours d’urgence, le cerveau donne l’alerte : on stresse, on a mal, on a peur de mourir et on se prépare au pire. En cas de mort brutale liée à une balle de révolver dans le ventre, la douleur nous envahit et le cerveau fonctionne encore : on souffre. Si au contraire, on chute de son vélo, la tête frappe violemment le sol, et là le cerveau est abîmé. Il peut se produire alors une hémorragie : Comme pour un bleu la cuisse, ici le sang va s’accumuler entre le cerveau et la boite crânienne ! Le cerveau est comprimé et peut s’arrêter de fonctionner : c’est le coma, qui peut entraîner la mort en quelques minutes.

Les poumons : distributeurs de l’oxygène

Constitués de sacs minuscules et fragiles : les alvéoles pulmonaires, ils permettent en inspirant de se gonfler d’air. Leur paroi très fine, telle un filtre laisse passer l’air dans des capillaires sanguins plus fins qu’un cheveu. Le sang dont les globules rouges fixent l’oxygène, le distribue alors à tous les organes. Lors d’une mort par asphyxie, si l’air vient à manquer, très vite, le cerveau sera privé de l’oxygène vital et on perdra conscience en moins de cinq minutes. C’est ce qui se passe si le « jeu du foulard » se prolonge : un risque mortel ! Un autre exemple explique la mort provoquée par des gaz toxiques, qui paralysent les muscles du thorax. Dans ce cas, les mouvements d’inspiration et d’expiration permettant de gonfler et dégonfler les alvéoles sont impossibles : l’oxygène ne peut plus être apporté dans le sang.

Le corps humain violenté

Une situation de mort rapide, avec une défaillance simultanée de plusieurs organes. C’est l’exemple d’une chute de plusieurs dizaines de mètres. Dans ce cas, lors du choc avec le sol, plusieurs organes sont en partie écrasés, plusieurs vaisseaux éclatent, de multiples hémorragies surviennent : dans les muscles, le ventre, le foie et le cerveau, et en moins de 30 secondes, on perd conscience et on meurt.

La maladie

Les exemples donnés précédemment ne sont pas les causes de mort les plus fréquentes. Le plus souvent, on meurt dans son lit, après l’évolution d’une maladie liée à des causes multiples (infection, cancer, défaillance cardiaque progressive). Dans ces situations se produit une défaillance progressive de plusieurs organes.

N’oublions pas le foie : usine chimique essentielle et le rein, filtre et organe d’épuration indispensable. Si ceux-ci défaillent, c’est beaucoup de cellules qui ne recevront plus les ingrédients essentiels à la survie.

Peut-on mourir de vieillesse ?

Si une personne âgée, en bonne santé apparente s’éteint pendant la nuit sans alerte particulière ni signe d’aucune souffrance, la mort survient par une défaillance cardiaque ou cérébrale qui se manifestera doucement. Les mécanismes d’alerte du cerveau et du cœur utiles à la survie ne fonctionnent plus, situation de mort tranquille.

Pour en savoir plus : « Les mystères du corps humain : petits et grands secrets de nos organes » ;Bernard Sablonnière, Ed. Odile Jacob, 2021.< !—> The Conversationhttp://theconversation.com/republishing-guidelines —>

Bernard Sablonnière, Neurobiologiste, professeur des universités − praticien hospitalier, faculté de médecine, Inserm U1172, Université de Lille

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.