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Eviter de demeurer sur un mode implicite

mercredi 24 février 2021, par phil

Des travaux de chercheurs, dans la perspective d’un enseignement du langage oral, peuvent fournir des points de repère aux enseignants.

L’apprentissage de la langue orale « n’implique pas forcément de créer de toutes pièces, en plus des autres, des situations ou le langage oral et la communication soient eux-mêmes l’objet d’attention exclusive... il s’agit de conduites de verbalisation et d’interaction avec autrui dans des situations qui mettent toujours en jeu un travail conjoint sur l’expérience et les notions sur des savoirs, des images de soi et des façons de se situer par rapport à autrui. » (1)

Cependant si les situations d’apprentissage provoquent en soi des discussions (controverse, résolutions de problèmes), des échanges sous forme de dialogue, des interrogations, des explications, etc., le tout ne peut rester sur un mode implicite. Des enfants proches du modèle scolaire et coutumiers de ces pratiques par leur culture sociale et familiale sauront « d’instinct » choisir un mode explicatif pour donner un résultat en sciences, ou un mode narratif pour raconter un événement, et ce, en cherchant à se faire comprendre par l’auditoire. D’autres enfants, non.

C’est pourquoi des chercheurs et linguistes ont orienté leurs travaux vers un enseignement de l’oral qui aurait sa place tout au long de la scolarité, notamment en distinguant plusieurs genres (2) : l’interview, l’exposé, le dialogue, le récit oral, l’enquête et le débat (régulé, délibératif ou à fin de résolution de problèmes). D’autres ont établi une classification pour conduire ce travail.

Ainsi les composantes de la compétence langagière sont de 4 ordres (3). Le premier, pragmatique, analyse le « rapport entre la parole produite et la situation » (je sais qui parle, à qui, pour quoi faire). Le second, discursif, porte sur les types de discours, chacun avec leur organisation, leur adaptation aux situations, leurs contraintes lexicales et syntaxiques (raconter, décrire, expliquer, argumenter...) Le troisième, linguistique, s’attache au respect des conventions et à une expression compréhensible par tous. Enfin le quatrième, métalinguistique, porte sur la capacité à réfléchir sur les faits langagiers : un travail complexe qui débute au primaire en expérimentant, observant, répertoriant...

Ce travail suppose donc des compétences du côté de l’enseignant : comme « savoir repérer, dans les interactions des enfants, les émergences de ces conduites, pour pouvoir les étayer par ses interventions. » Mais « cette compétence d’interprétation [réclame] beaucoup d’acuité dans l’écoute de ce que proposent les enfants, et des connaissances fines sur les connaissances verbales. » (1)

(1) Nonnon E. Parler, discuter, innovations CRDP Lille 1991 (2) J.Dolz et B.Schneuwly Pour un enseignement de l’oral. Initiation aux genres formels à l’école, ESF (3) C. Le Cunff, P. Jourdain Enseigner l’oral à l’école primaire, Hachette Education