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Enrichir le vocabulaire avec l’écriture

samedi 30 janvier 2021, par phil

L’intégration des activités lexicales aux projets d’écriture garantit le respect total d’un certain nombre de règles incontournables en matière d’apprentissage du vocabulaire. Le principe fondamental est que les mots ne deviennent pas des "objets morts" non utilisés, non communiqués tel des listes de mots vite apprises par cœur, mal comprises et aussi vite oubliées. L’articulation production d’écrit et vocabulaire garantit un apprentissage actif qui restera vivant, dynamique et disponible pour l’élève. Les activités de découverte, d’exploration et observation, de classement et analyse, de mémorisation et appropriation, de réinvestissements écrits et oraux... et surtout de définitions des critères de regroupement développant une capacité métacognitive de catégorisation sont fondamentaux. En parallèle, une activité d’écriture des définitions de mots (c’est-à-dire la rédaction d’un dictionnaire personnel des élèves avec leurs propres mots) parachève l’apprentissage d’un corpus lexical selon cette visée d’interaction appropriation lexicale/production d’écrits.

- Le projet d’écriture enrichit le lexique de l’élève. L’élève gagne autant dans la découverte et l’appropriation des mots nouveaux que dans la structuration du lexique. En effet, tout projet de ce type suppose, « en amont » de l’écriture propre-ment dite, une exploration du champ lexical considéré. Cela est déjà vrai quand il s’agit d’écrire dans le cadre d’un genre littéraire : le vocabulaire du conte n’est pas tout à fait le même que celui de la science-fiction ou du policier. Cela est encore plus évident quand le projet est lié à une situation de vie : lettre, texte prescriptif, interview, compte rendu. Pour demander des renseignements ou pour poser des questions à quelqu’un sur un sujet précis, il faut employer les mots justes et adaptés. Les verbes et les substantifs d’une règle du jeu ou d’une recette sont des mots spécifiques. (Cf. R. Léon)
- Le vocabulaire d’une langue est ce qui permet de traduire la réalité extérieure : il est, par définition, interdisciplinaire, et il est impensable d’envisager son enseignement dans le cadre trop étroit de la discipline « Français ». C’est la raison pour laquelle des projets qui permettent d’explorer la langue et la réutiliser dans ses différentes fonctions sont des situations intéressantes. Dans la chronologie du projet, en amont, il est pertinent de faire effectuer aux élèves des recherches sur le champ lexical. (Cf. R. Léon)

- On peut aussi travailler l’acquisition du vocabulaire de façon décrochée. C’est une activité majeure d’apprentissage de la langue où l’on peut appelle à l’étymologie des mots, aux morphologies lexicales, aux champs lexicaux ou aux comparaisons avec d’autres langues étrangères (LVE étudiées en classe).

- La corolle lexicale (ou marguerite lexicale) est un excellent outil qui sert l’écriture proprement dite du texte. Menées à travers des travaux de groupes ou sur le mode collectif oral, elles débouchent sur une récapitulation et une synthèse qui est visuelle (la marguerite). La recherche doit être ouverte : les élèves ne vont pas classés des mots mais rechercher des critères pour effectuer des regroupements de mots apparus lors de « brainstorming » par petits groupes. Cet outil de référence peut être collectif (affiche) et/ou individuel (fiche). Il est disponible pour chacun tout au long du projet, car il doit fonctionner comme une aide à l’écriture. Les élèves doivent s’en servir comme d’une « banque de mots » dans laquelle ils peuvent puiser au moment de l’élaboration du texte. On pourra ainsi disposer du corpus utile selon le type de texte auquel on a affaire : les verbes utilisés en cuisine, les adjectifs descriptifs adaptés au portrait, toutes les manières d’introduire un avis, un jugement. Les recherches étant faites pour un réemploi immédiat et explicite, la situation de projet tend à rendre le vocabulaire « actif » et opérationnel.

- On peut faire l’hypothèse que le réinvestissement dans un contexte repérable va fournir le socle de la mémorisation et de l’appropriation. De plus, à partir de n’importe quel champ lexical, on peut aborder ce qui structure le sens (synonymie, antonymie, registres de langue, connotations...) et la forme (famille de mots, pré-fixes, suffixes...). Par ailleurs, l’activité réflexive, qui renforce l’appropriation, se déroule dans un contexte qui lui donne du sens.

D’après "Enseigner la grammaire et le vocabulaire à l’école" de Renée Léon, Hachette Education, 1998, texte remanié et complété.

ClassEdu, 2010