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Atelier d’écriture à l’école

vendredi 15 janvier 2021, par phil

- Écrire implique des contraintes matérielles et gestuelles, des exigences intellectuelles, le respect des règles du fonctionnement de l’écrit, l’engagement personnel de l’individu. Pour l’élève, s’ajoutent à ces contraintes et exigences, l’absence de la nécessité d’écrire, l’obligation d’écrire, même dans des situations non authentiques, le manque d’outil, linguistiques, entre autres.

- Ces difficultés sont accrues avec des élèves scolairement fragiles. L’aide personnalisée est un temps pour travailler par petits groupes de 6 élèves à de courtes production d’écrits. On pourrait imaginer même le développement d’un atelier d’écriture.

- Les propositions d’activités et de jeux qui suivent sont à adapter aux possibilités et niveau du groupe d’élèves.

- Activités pour écrire

- Le lipogramme (voir Queneau et l’Oulipo) : Il s’agit d’écrire un texte ou une phrase (pour les CP) dans lequel une lettre ne doit pas apparaître. Par exemple : écrire un texte sans utiliser la lettre t ou r, ou s, ou a ou e. Pour rendre le jeu plus contraignant mais aussi plus intéressant, la lettre choisie peut être une lettre de forte fréquence (le plus difficile est de ne pas utiliser la lettre e). Cette proposition est prise comme un jeu par les enfants à condition de limiter le temps d’écriture.

- Le binôme imaginatif : Le maître propose à deux enfants d’écrire chacun un mot au tableau. Les enfants ne doivent pas se concerter. Les deux mots sont découverts et montrés à la classe. Par exemple : si nous prenons les mots « caniche, congélateur », la classe va ensuite essayer de créer un rapport entre ces deux mots en proposant des combinaisons du type : « Un caniche sur un congélateur, un congélateur sur un caniche, le caniche au congélateur, le congélateur du caniche, le caniche devant le congélateur. » Il faudra que les mots soient suffisamment étrangers l’un à l’autre pour que leur association sollicite l’imaginaire. On peut proposer à plusieurs couples d’élèves de venir au tableau et on retiendra les associations les plus insolites. Les combinaisons de mots peuvent devenir des titres d’histoire : on cherchera collectivement ou par petits groupes la trame d’une histoire à partir d’une combinaison de mots qui inspire, qui plaît à la classe. Puis chaque élève ou chaque petit groupe d’élèves pourra écrire son histoire. C’est une activité qui fait souvent rire. Un rire qui motive le passage à l’écriture.

- La phrase cachée : Le maître donne une phrase qu’il a inventée ou prélevée dans un texte. Il propose comme consigne aux élèves, d’écrire un texte où cette phrase est habilement utilisée, de façon à ce que le lecteur ne l’identifie pas comme la phrase imposée. Exemple : Écrire un texte où la phrase suivante sera cachée : « Il demande le nouveau catalogue de l’outillage sur un ton aimable ».

- Les mots camouflés : Le maître donne à chacun des élèves un petit papier sur lequel il a écrit trois, quatre ou cinq mots. Les élèves sont invités à écrire un texte où ces quelques mots sont cachés. Après écriture, on fera lire les textes et on demandera à la classe de deviner quels étaient les mots imposés. S’ils sont bien cachés, on ne doit pas les trouver. Il n’est pas utile que les textes soient longs. Le maître limitera le temps d’écriture.

- Le loto des mots : Les enfants possèdent des listes de mots (ce peuvent être des listes de mots prévues à cet effet ou des listes de mots déjà utilisés dans des séquences d’orthographe par exemple). On demande aux enfants de numéroter les mots. Trois numéros sont tirés au sort, ils correspondent à trois mots. Il s’agit dans un temps relativement court (à adapter au niveau de la classe) d’écrire trois phrases différentes où ces trois mots sont parfaitement intégrés. On fait ensuite lire à voix haute plusieurs des phrases produites. L’exercice sera présenté comme un jeu, il demande une certaine rapidité d’exécution.

- Le conte d’après formule : Il s’agit d’obtenir un nouveau conte à partir d’un ancien . N’importe quel conte peut être utilisé s’il est bien connu des enfants. On réduit le conte à sa plus simple expression, on conserve seulement la trame. Par exemple : Une petite fille doit se rendre seule chez sa grand-mère pour y porter de la nourriture. Elle doit traverser la forêt. Dans la forêt, elle rencontre le loup. Le loup décide aussi d’aller chez la grand-mère. Il arrive le premier, mange la grand-mère et prend sa place... Ensuite, le travail consiste à réduire la trame à une formule du type : X doit se rendre chez Y et traverser un lieu Z dangereux. X rencontre A. A décide aussi d’aller chez Y. A. arrive chez Y et avant X fait disparaître Y... A partir de cette formule à fabriquer des contes, on invite les élèves à écrire une nouvelle interprétation, seul ou à plusieurs...

- Méli-mélo de contes : il s’agit ici de faire écrire un texte où des personnages de contes différents se rencontrent. On établit en commun avec les enfants une liste de noms de personnages de contes (qui pourra s’allonger au fur et à mesure des lectures) et on attribue un numéro à chacun des personnages puis on tire au sort 2 ou 3 numéros. Ce jeu devient un « binôme imaginatif » où les jeux de mots sont des noms propres. On pourra par exemple écrire l’histoire du Petit Chaperon Rouge qui rencontre les 7 nains dans la forêt...

- Les histoires amorcées : Il s’agit de compléter des récits différents dans un temps très court Ces récits sont amorcés par le maître. Exemple de première amorce : Lisa dormait encore mais elle eut soudain l’impression qu’elle se soulevait de son lit et que son corps montait dans les airs. Une petite voix tout près d’elle se fit entendre : « ........ Les élèves ont 7 minutes pour écrire la suite et la fin du récit. Le maître donne ensuite la deuxième amorce pour un autre récit : Les deux fenêtres étaient ouvertes, pourquoi ne pas entrer par là. Ce n’était pas si haut après tout ! Il grimpa et arriva à la hauteur de la première fenêtre. Là, il laissa échapper un cri... Les élèves ont de nouveau 7 minutes pour écrire puis le maître donne une troisième amorce : Depuis quelques minutes, elle était là dans le noir, effrayée, incapable de bouger. Soudain, elle crut s’évanouir : des mains venaient de se poser fermement sur ses épaules... Les élèves ont encore 7 minutes pour compléter et terminer le récit. Ensuite chaque enfant a 7 minutes pour choisir parmi les 3 récits produits celui qui le satisfait le plus et il va pouvoir le retoucher, l’améliorer, le rectifier. Les récits choisis seront lus aux autres élèves, à la classe.

- L’anti-texte : Le maître donne à lire une description de personnage, un portrait de X. La consigne est de réécrire le texte en faisant le portrait de l’anti X. On peut aussi le proposer pour des personnages en action, des descriptions des lieux. Ainsi le texte « le vieillard à l’harmonica » devient le « jeune homme au transistor » : Le vieillard sortit un harmonica de sa poche et le fit briller au soleil devant les oiseaux... Et, approchant l’instrument de ses lèvres, il se mit à jouer doucement. Alors les oiseaux se serrèrent, sur un perchoir, où ils demeurèrent immobiles... devient L’adolescent sortit un transistor de son sac à dos et tira une petite antenne, devant les oiseaux... Et, collant l’appareil à ses oreilles, il se mit à danser nerveusement. Alors, les oiseaux s’affolèrent...

- les mots rares : Il s’agit de faire écrire une définition imaginaire d’un mot que les enfants ne connaissent pas mais qui existe. Exemples : lignicole (adj) ; nonchaloir (n.m.) ; milliasse (n.f.) Les enfants peuvent écrire et illustrer leurs définitions.

- Source documentaire, ci-dessus : « Et si on écrivait », édité au Cddp de la Marne.

- La marguerite lexicale (la corolle lexicale) : il s’agit de travailler des associations de mots à partir de thèmes principaux ou récurrents dans un article de journal ou une lecture suivie de roman. La constitution des pétales de la marguerite permet d’explorer tous les mots d’un champ lexical donné. Les élèves sont amenés à catégoriser des mots, à former des familles de mots selon des critères qu’ils ont à rechercher. C’est une activité de recherche sur le lexique, une activité de synthèse et d’élargissement des connaissances en vocabulaire : les élèves fixent les mots qu’ils connaissent déjà dans des pétales et développent de nouvelles connaissances en vocabulaire à partir d’échanges et d’outils comme les dictionnaires, les encyclopédies, l’internet. La marguerite lexicale permet dans un second temps de réinvestir le vocabulaire dans la rédaction de textes.

- Le collector de mots : Demander aux élèves par groupes de 4 de choisir un thème différent (un sport par exemple), ils ont 10 minutes pour noter le plus de mots différents en relation avec le thème. Il s’agit ensuite, pendant 10 nouvelles minutes, de déterminer les mots communs (qu’on retrouve dans tous les groupes), les mots spécifiques à un thème, les mots qui présentent plusieurs sens (cf. la polysémie) et les mots qui ont la même forme et dont le sens diffère (cf. l’homonymie). A partir de ces collections de mots peuvent être écrits de courts textes thématiques qui les réinvestissent. La richesse du vocabulaire est une base nécessaire pour produire de l’écrit.

- Ces deux précédents exercices sont des outils de développement préalable du lexique avant le passage à l’’écriture. Dans le cadre d’une aide personnalisée sous forme d’atelier d’écriture, on pourrait imaginer une dizaine de minutes de « brainstorming général » sur un thème choisi, afin de concevoir une corolle lexicale, qui devient une affiche outil pour les 20 minutes suivantes de rédaction d’un texte court.

- Jeux d’écriture

- Travailler sur l’affectif et le vécu :
- Je suis un animal, un jeu... je suis une sensation terrible, douce , …. Je suis un souvenir de joie , de tristesse ; J’aime... Je n’aime pas... On peut travailler brut, donner une couleur ; favorise des rapprochements, libérer l’imaginaire...

- Dans mon prénom, il y a et on décline par syllabes ou assonnances . Dans mon prénom, il y a le ma de maman Et avec d’autres mots, on a : Le ri de rire ; Et le e ( muet) d’écrire

- Le goût : Autour d’un carré de chocolat , d’une menthe forte ,….on peut travailler deux grands axes. Le « scientifique » dira : ce que je ressens dans mon corps ( ça pique , ça fond vite , pas vite , ….) L ’"affectif" : ce que ça évoque pour moi , le plaisir , le dégoût , quels souvenirs…..

- Dans un lieu noter tout ce que l’on voit et l’écrire . En constituer un inventaire. Relever et épuiser tout ce que l’on voit dans un objet courant disponible , à portée de main

- On peut écrire un acrostiche avec son prénom :

Pédagogiquement Active Très Rayonnante Indubitablement Compétente Immédiatement Appréciée

C’est un peu recherché !

- S’amuser avec la matière sonore : Les sens de mots existants mais ignorés des enfants ( un kakémono par exemple )

- Un kakémono, c’est inventer des mots ( c’est-à-dire produire des syllabes , les assembler, leur donner un sens). C’est une procédure très utile pour créer un pays , une ville , un nom de personnage, … Et les insérer dans un texte. Par exemple : Le Roudispasyl est un petit animal dévoreur de livres . Ses petits les roudispasylets naissent entre les pages ……

- Le marabout ( bout de ficelle , selle de cheval … on y a tous joué avec tant de plaisir )

- Les mots valises, formés par la fusion d’au moins deux autres mots existants : par exemple « informatique », fusion entre information et automatique . On peut en retrouver ou en inventer...

- Les expressions « au pied de la lettre » : Il est toujours dans la lune , et on continue

- Travailler des structures

- Le logorallye : Des mots sont donnés dans un ordre . Il faut les inclure dans un texte en respectant cet ordre.

- L’ inventaire : c’est une activité qui peut dédramatiser le il y a – le cauchemar des rédactions et s’en servir comme d’une formule structurante qui va simuler et épuiser le réel. Cela n’empêchera pas dans autre temps de réfléchir à comment supprimer ces répétitions de « il y a » pour fluidifier l’écriture. Exemple : Il y a une salle Il y a 14 stagiaires . Il y a trois formatrices . Il y a des tables vides et il y a aussi des tables pleines . Il y a des feuilles pleines de mots

- Jeu de mise en abîme : Il était une fois un pays. Dans ce pays , il y avait un village, dans ce village, une école ,...

- Jeu du cortège : Il s’agit de produire des structures énumératives ( à la Prévert )

- Jeu de la boule de neige : c’est une structure énumérative qui augmente et peut décroître. Il y en a dans beaucoup de contes.

- Autres activités de production d’écrits, des activités de la classe que l’on peut reprendre dans le cadre d’un soutien, d’une aide personnalisée. Pendant 10 à 15 ‘, une phrase ou 2 seront écrites ; il peut s’agit d’une dictée à l’adulte, d’une écriture individuelle/ collective à partir d’une structure donnée et en utilisant des référents. Cela nécessite la mise en évidence de la structure du texte souhaité.

- Nous pensons ainsi aux :
- dictons
- proverbes
- slogans
- haïkus
- brèves comptines créée à partir des mots contenant le phonème étudié
- formules magiques
- doléances, souhaits
- charades
- rébus
- devinettes
- légendes d’une image, titres d’un livre
- menus du déjeuner, du petit déjeuner
- cadavres exquis mots imaginaires avec des lettres données et en donner la définition

- Il conviendra en fin de séance d’aide personnalisée que la production écrite soit lue à haute voix, et de souligner la structure du texte obtenue.

- La production de comptines, poèmes, pastiches, règles du jeu, ….. exige environ une quarantaine de minutes. De même, pour rédiger un slogan publicitaire, écrire des lettres de demande diverses, de remerciement, d’invitation ou encore écrire des recettes ou inventer un jeu et écrire la règle. On pourra tenter sur deux séances hebdomadaires des formes d’écriture plus longues :

- A partir d’une image insolite, raconter ce qu’elle veut dire
- A partir d’une lettre demandant une explication sur une image insolite, rédiger la réponse
- Analyser des slogans publicitaires puis en imaginer d’autres en respectant les rimes éventuelles, la forme éventuelle
- A partir d’une série d’images sans légende, imaginer une histoire cohérente puis décrire la suite de l’histoire.
- Imaginer la fin d’une histoire en ayant entendu le début (éventuellement en s’appuyant sur les illustrations d’un album)
- Ecrire une conversation téléphonique
- Ecrire pour poser des question à un camarade qui possède un secret
- Ecrire des légendes de photos
- Ecrire pour relever des observations et pour les afficher
- Ecrire pour se souvenir
- Ecrire des comptes-rendus de visites ,d’activités, d’épreuves sportives vécues dans la journée,
- Décrire le portrait de quelqu’un en vue de le faire dessiner
- Donner la parole aux personnages d’une histoire
- Créer une histoire à partir de deux mots n’ayant aucun rapport entre eux
- Insérer un épisode inexistant dans un récit
- Ecrire à partir d’un dessin personnel
- Découper les vignettes d’un récit, les mettre dans l’ordre et raconter l’histoire
- Ecrire une phrase à partir d’un mot trouvé dans le dictionnaire ( à partir d’un dessin et de sa première lettre par exemple)
- Découper un texte pour le faire ré assembler avec une structure précise...

- Le développement des techniques modernes a privilégié la communication orale et pourtant nous sommes entourés d’écrits, nous sommes amenés en maintes occasions de la vie quotidienne à convoquer des capacités d’écriture (formulaires administratifs, lettres de motivation, prises de notes, courriers et courriels...). L’écriture est un code de communication. Les messages écrits se situent dans le temps qui les conserve. La « chose écrite » garantit la stabilité, la permanence de l’inscription (pour pallier l’imprécision de la mémoire), la trace irrécusable. C’est une « arme contre le temps ». L’écriture participe aussi au contrat social : elle catégorise, elle délimite, elle code... Elle permet de penser. L’écriture est au commencement de l’autonomie de chaque individu.

- Écrire en petit groupe, seul et ensemble à la fois renforce un apprentissage ; la proximité plus forte avec l’enseignant en aide personnalisée permet d’accroître un étayage nécessaire au regard de la complexité du geste d’écriture.

- En fin de séquence d’aide personnalisée, il sera utile d’effectuer avec l’élève un petit bilan : Qu’a t-il fait ? Qu’a t-il compris ? Qu’a t-il appris de nouveau ? A quoi cela peut-il lui servir ? Ce bilan permettra de situer la zone de proche développement de l’élève (là où l’enseignant peut accompagner l’élève dans une aide qui est efficace, ni trop loin de ce qu’il peut effectuer, ni en deçà...), d’ajuster la séance d’aide suivante aux besoins nécessairement évolutifs de l’élève.

Sources : Et si on écrivait CCDP Marne Jeux d’écriture ( Marie CAZALAS), www.ac-bordeaux.fr/ia40 http://www.ac-orleans-tours.fr/circ...’%C3%A9crit%20au%20Cycle%202.pdf