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Evaluer, noter, classer…

mardi 23 mars 2021, par phil

- Primaire
- A une époque, où les cycles d’apprentissage à l’école devraient assurer un suivi personnalisé de chaque élève, à une époque où les évaluations CM2 viennent d’apparaître, à une époque où le livret de compétences est destiné à suivre l’acquisition progressive des compétences d’un élève, la question se pose : évaluer quoi ? Pour quoi faire ?

- Evaluer est une activité complexe
- Souvent le crayon rouge de l’enseignant est l’arme de l’évaluation pour corriger, noter, annoter les travaux des élèves. Mais ce geste cache des postures diverses d’enseignant :
- - Définir ce qu’il veut ou ce qu’il doit évaluer chez ses élèves.
- - Imaginer des tests, des exercices qui lui permettront d’observer ce qu’il a décidé d’évaluer.
- - Confronter ce qu’il observe (les performances de ses élèves) à ce qu’il souhaitait (les performances attendues).
- - Communiquer au moyen d’un code (une note, une lettre, une appréciation, des points) le résultat de cette mesure.

- Noter, mesurer, évaluer : quelles définitions ?
- Noter, c’est sélectionner.
- Mesurer, c’est associer un nombre à une performance.
- Evaluer, c’est comprendre la façon dont l’élève fonctionne dans ses apprentissages. Il est donc nécessaire de comprendre avec lui ce qui l’a conduit à énoncer telle réponse et communiquer avec lui sur l’attente ou non des objectifs, les critères de réussite, les difficultés rencontrées. D’où l’intérêt de l’entretien d’explicitation conseillé dès les premières évaluations nationales CE2.

- Le rapport IGEN de juin 2007 indique que dans le système traditionnel français de notation, la méthodologie entraîne une note et un classement, ce qui donne un caractère illusoire à l’évaluation. Pourtant les enseignants connaissent assez bien les capacités de leurs élèves et leur niveau de maîtrise, et cette traduction en note efface parfois les qualités de leurs analyses. Car la note est peu fidèle, relative et peu explicite. Malgré tout, elle est admise partout.

- Quelle évaluation en maternelle ? Evaluer l’expression orale en annotant sur un cahier ou des « post-it » (Exemples : « Alix a construit une phrase simple », « Laura a pris spontanément la parole en grand groupe »…). Cette évaluation est essentielle pour mesurer la qualité de la prise de parole, le lexique, la compréhension des consignes. Enregistrer la parole de l’élève et la faire écouter en classe est aussi un outil précieux.

- - Les réticences du terrain : la lourdeur du dispositif. Pour évaluer le langage oral, il faut du temps.
- Evaluer l’autonomie d’un élève lors du choix d’un atelier après avoir pris son étiquette prénom. Il s’agit pour lui de reconnaître ce dernier, de le nommer sur le tableau, mais de pouvoir aussi décrire son continu (Que veux-tu dire ?). Ce qui se joue, dans cet échange langagier, c’est la compréhension et la reformulation de consignes simples. L’objectif est pour l’enfant de pouvoir participer à tous les ateliers dans la semaine.
- Pourquoi évaluer en GS et en CP ? C’est une exigence de prévention : ces enfants qu’on ne repère pas, ont besoin d’une aide et d’un soutien très tôt. Les enseignants situent leurs élèves en fonction de certains critères implicites.
- L’évaluation GS-CP est une aide aux enseignants afin qu’ils puissent affiner leurs observations, posséder des repères, varier les conduites de classe. Elle s’inscrit dans une dynamique pédagogique globale. Et les évaluations CE1, CM2, quel est leur sens ?
- Proposées en début d’année, elles se veulent un instrument de connaissance des élèves et surtout de régulation, de remédiation et de différenciation. Les activités sont référées à des savoirs attendus. On vérifie qu’il y a conformité entre ce que l’on attendait et ce qui est produit. Les obstacles de ces évaluations seraient de réduire leur champ à l’épreuve, alors qu’elles sont une activité réflexive, formatrice. Elles posent le choix des dispositifs et des méthodes. Elles peuvent servir non pas à trouver les voies de la remédiation mais tout simplement celles de la médiation. Car si les enseignants reconnaissent l’image précise des acquis de leurs élèves fournis par ces évaluations, l’interrogation sur les erreurs et le traitement des erreurs demeurent. Il est rare que l’on interroge l’élève sur ce qui l’a gêné pour répondre, et que l’on reprenne avec lui certains items en proposant l’étayage nécessaire pour réussir.
- Dépasser un simple constat des difficultés, qu’est-ce que cela nécessite chez l’enseignant, chez l’équipe pédagogique, chez l’élève ?
- Ne pas juger l’élève, posture qui rassure et encourage.
- Donner du sens à la correction en favorisant un retour sur le travail par l’élève. Il s’agit alors d’être clair avec l’évaluation. Elle doit indiquer à quoi elle va servir.

- Ensuite amener l’élève à être partie prenante de l’évaluation. Un dialogue doit donc s’instaurer entre enseignant et élève. L’acceptation de la différenciation est indispensable. Les apprentissages visés, les compétences évaluées doivent être connus et explicités. Le profil de la classe doit être défini dès le début de l’année par l’enseignant.

- Enfin, les modalités d’organisation doivent prendre en compte l’erreur, indissociable composante dans le parcours de l’élève. Ce qui entraîne le deuil de la classe homogène, une remise en cause permanente de l’organisation pédagogique, un nouveau regard sur la place de l’évaluation dans la construction d’un apprentissage.

- Evaluer alors, comment ? A travers l’évaluation formative. Celle-ci doit aider l’élève à apprendre. Elle s’inscrit dans un processus dynamique, en cherchant à rééquilibrer les apprentissages. Il devient alors nécessaire pour l’enseignant d’expliciter ce qu’est apprendre.

- A travers l’évaluation normative. Celle-ci permet de vérifier ce que l’élève a acquis. Elle doit informer, sélectionner avec des outils tels que la note, les lettres, les acquis/non acquis. Elle est celle qui aide l’enseignant à évaluer son itinéraire pédagogique, à vérifier que celui-ci convient à chaque élève. A l’issue d’une série de leçons concernant une même compétence, l’évaluation normative est suivie de remédiations pour les élèves ayant échoué.
- Une seule certitude : qui veut aider un élève à surmonter ses difficultés doit emprunter des stratégies d’enseignement différentes de celles qui ont été mises en place pour l’apprentissage lui-même. Il importe de ne pas remettre une stratégie identique et donc d’en imaginer une autre, de donner la possibilité à certains élèves de s’aider d’outils, d’accorder plus de temps, de permettre un retour aux manipulations.

- La différenciation pédagogique loin d’être une méthode miracle, renvoie surtout à la question suivante : quelles situations variées mettre en place de telle sorte qu’elles soient les plus adaptées possibles aux besoins des élèves, et déclencher chez eux des apprentissages pour leur permettre de progresser ?

- Un programme personnalisé ne donne pas forcément lieu à une évaluation. Il s’agit d’aider l’élève à progresser. Toutes les conditions sont réunies dans ce cadre-là pour qu’il y ait effectivement progrès. Les élèves sont mis en situation de réussite par le choix des activités, par le faible effectif et surtout grâce à l’accompagnement spécifique qui va faciliter le questionnement, la réexplication, de manière à ce que le cheminement aboutisse (cf. Recto Verso n° 37 « Aider les élèves »). Un risque qui guette tout enseignant : passer plus de temps à évaluer et à remplir des grilles qu’à enseigner et préparer des stratégies d’enseignement plus efficaces. Evaluer pour évaluer n’a pas grand intérêt. En revanche lorsqu’il s’agit de se servir d’une évaluation comme d’un tremplin pour aider les élèves à progresser de manière individualisée, on entre dans une réelle logique de remédiation.

Post-Scriptum
SOURCES : P. PERRIER - IEN St Philbert (44) / B. RABILLER - IEN Angers 3 (49) L. Pallard (49) en ligne à : http://www.ia49.ac-nantes.fr/html/I...